Amphipoda
Atylus swammerdami
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Arthropoda |
Sous-embr. | Crustacea |
Classe | Malacostraca |
Sous-classe | Eumalacostraca |
Super-ordre | Peracarida |
Sous-ordres de rang inférieur
- Gammaridea
- Caprellidea
- Hyperiidea
- Ingolfiellidea
Les Amphipodes (Amphipoda) sont de petits crustacés d'une taille (généralement) de l’ordre du centimètre. Très abondants dans le milieu marin notamment dans la zone de balancement des marées, ils colonisent également les eaux saumâtres, les eaux douces et même le milieu terrestre. Les puces de mer sauteuses et les gammares au corps recourbé en « C » et nageant sur le côté sont familiers aux personnes qui fréquentent l’estran. Quelques amphipodes sont devenus invasifs avec la mise en communication de bassins versants par des canaux ou eaux de ballast[2].
Les amphipodes font partie des espèces susceptibles de bioconcentrer de nombreux polluants, dont des métaux lourds[3].
Principaux caractères morphologiques
Les amphipodes sont caractérisés par une extrême diversité, qui empêche d'en faire une description ayant valeur générale. On peut cependant dire que ce sont en général de petits crustacés à l'allure de crevette recourbée, au corps comprimé latéralement et avec une tête peu différenciée, pourvue de nombreux organes allongés. Les plus petits mesurent à peine un millimètre, mais certaines espèces abyssales dépassent les 30 cm de long (gigantisme abyssal)[4]. Certaines espèces sont transparentes mais d'autres sont très vivement colorées[4]. Parmi les caractéristiques variables, certaines espèces peuvent présenter des yeux énormes, des piquants, des pattes plus ou moins longues, etc.[4]
La description suivante[5],[6],[7] concerne principalement les amphipodes gammariens (Gammaridea) qui sont de loin les plus nombreux : environ 85 % des quelque 5500 espèces d’amphipodes décrits[7].
Le corps des amphipodes, comme celui de l’ensemble des eumalacostracés est constitué de 19 segments (somites) 5 pour le céphalon (« tête »), 8 pour le péréion (« thorax ») 6 pour le pléon (« abdomen »). Cependant, du fait de l’incorporation de un ou deux segments thoraciques au céphalon et de la différenciation de deux parties distinctes dans le pléon une terminologie particulière et variable leur est appliquée. Il convient donc de lire attentivement les conventions retenues par les auteurs pour éviter de commettre des erreurs dans le repérage des différentes structures. Celle qui figure ci-dessous est celle de Lincoln[7].
Céphalon ou tête
Elle porte :
- Les yeux qui sont sessiles et fixes
- Les antennules (A1) formées d’un pédoncule de 3 articles sur lequel s’insère un fouet principal et fréquemment un fouet accessoire parfois très court.
- Les antennes (A2) possèdent un pédoncule de 5 articles en général. Le deuxième d’entre eux porte un mamelon sur lequel s’ouvre le canal du rein antennaire.
- Les mandibules (Md), pourvues d’une lame mobile (lacinia mobilis) au moins du côté gauche. Elles peuvent posséder un palpe de 3 articles, généralement appliqué contre la face ventrale du corps entre la mandibule et la base des antennes.
- Les maxillules (Mx1) et les maxilles (Mx2), plus ou moins foliacées, appliquées à l’arrière des mandibules.
- Les maxillipèdes dont les bases (coxa) sont soudées. Ils recouvrent les maxilles. Ces appendices appartiennent au somite thoracique soudé au céphalon.
Il n’y a pas de carapace, au sens zoologique du terme, chez les amphipodes.
Péréion ou thorax
C’est le mésosome de Chevreux et Fage[6]. Il est composé de 7 somites libres porteurs chacun d’une paire de pattes ou péréiopodes. Chacun de ces appendices est constitué de 7 articles : la coxa, le basis, l’ischion, le merus, le carpe, le propode et le dactyle (également appelés coxopodite, basipodite, etc.). Les 5 derniers articles représentent la rame interne (endopodite) de l’appendice. Il n’y a pas de rame externe (exopodite).
La coxa, très courte, est étalée en une plaque coxale qui, placée sur la bordure du somite, ajoute à l’impression d’aplatissement latéral du corps de l’animal. Sur la coxa s’insère le basis de la patte et, plus à l’intérieur, la branchie (5 au maximum, sur les segments 2 à 6 du péréion) puis, exclusivement chez les femelles en reproduction, une grande lamelle : l’oostégite. L’ensemble des oostégites (généralement 4 paires, sur les segments 2 à 5) constitue la poche incubatrice dans laquelle sont déposés les œufs et où s’effectue le développement embryonnaire.
Les 4 premières paires de pattes ont les griffes tournées vers l’arrière du corps, les 3 dernières paires les ont tournées vers l’avant : c’est à cette double disposition des pattes (amphi = deux) que l’ordre doit son nom.
Les deux premières paires de pattes ont généralement une morphologie particulière : elles sont appelées gnathopodes (gnatho = mâchoire, pince). Fréquemment l’une des paires est particulièrement développée et possède une forme très caractéristique chez les mâles dont elle facilite grandement l’identification. Dans certaines espèces (« gammares ») la pince des gnathopodes permet au mâle de maintenir la femelle durant l’appariement qui précède la copulation.
Les fonctions des péréiopodes sont très variées. Ce sont des organes de la locomotion sur les supports solides, de creusement, de toilettage etc. et leur forme peut varier grandement selon leurs adaptations particulières
Pléon ou abdomen
Constitué de 6 somites divisés en deux groupes :
- les 3 premiers constituent le pléosome de Lincoln[7] (métasome de Chevreux et Fage[6]), ils portent chacun une paire d’appendices biramés, les pléopodes, à rames multiarticulées, souples et munies de soies. Le battement de ces appendices produit un courant d’eau circulant de l’avant vers l’arrière sous le péréion ce qui apporte de l’oxygène aux branchies ainsi qu’aux œufs et embryons de la cavité incubatrice chez les femelles. D’autre part, les pléopodes sont les organes qui permettent à l’animal de nager.
La bordure des somites du pléosome peut être prolongée en lames appelées plaques épimérales qui masquent plus ou moins la base des pléopodes.
- Les 3 derniers, constituent l’urosome. Ils portent chacun une paire d’appendices généralement biramés, les uropodes, dont les rames sont rigides. Ces appendices peuvent être utilisés pour le saut mais aussi pour d’autres fonctions comme le creusement ou l’ancrage dans les galeries par exemple.
Telson
La dernière partie du corps. Ses formes et dimensions sont extrêmement variables ce qui fournit des caractères d’identification très utiles. Il peut notamment être entier ou plus ou moins fendu. Il porte l’anus.
Schéma d'organisation du corps
Reproduction
Les sexes sont séparés. Les orifices génitaux femelles se trouvent à la base de la 5e paire de péréiopodes, les orifices mâles sur la face ventrale du 7e (dernier) péréionite. Les spermatozoïdes sont déposés à la face ventrale du corps, près des orifice femelles et les œufs sont fécondés lors de la ponte (fécondation externe). Le développement s’accomplit dans la poche incubatrice d’où sortent des jeunes semblables aux adultes (développement direct).
Classification
L’ordre des amphipodes qui comporte environ 9500 espèces[4] est divisé en 4 sous-ordres :
- Sous-ordre des Gammaridea : de loin le plus nombreux (85 % des espèces). Ses représentants sont très abondants dans la zone intertidale et les eaux côtières et de ce fait occupent une place importante dans la chaîne trophique : ce sont souvent des phytophages et des détritivores et ils sont eux-mêmes la proie de diverses espèces dont de nombreux poissons.
Plusieurs espèces sont présentes dans les eaux douces courantes (Gammarus), les puits et les eaux souterraines (Niphargus) Les cas de parasitisme semblent exceptionnels dans ce groupe mais plusieurs espèces sont associées à des Invertébrés divers (Spongiaires, Echinodermes, Tuniciers notamment).
- Sous-ordre des Hyperidea (9 % des espèces) : ce sont des animaux marins planctoniques possédant des yeux très développés et un corps souvent obèse. Hyperia galba est associé aux méduses (Rhizostoma, Aurelia).
- Sous-ordre des Caprellidea (6 % des espèces) : ils ont l’abdomen (pléon) vestigial, les pattes 3 et 4 souvent réduites ou absentes. Ils possèdent seulement 2 paires de branchies et 2 paires d’oostégites (sur les péréionites 3 et 4). Le sous-ordre est divisé en deux groupes :
- Les caprelles : au corps filiforme. Deux somites thoraciques sont soudés au cephalon pour former la tête. Les 3 dernières paires de péréiopodes permettent aux caprelles de s’accrocher très fermement aux supports divers. Ces animaux sont très fréquents parmi les algues et peuvent coloniser densément les bouées.
- Les cyamides : ont la particularité d’être aplatis dorso-ventralement, ce sont des parasites externes de plusieurs mammifères marins d’où leur appellation de « poux de baleines ».
- Sous-ordre des Ingolfiellidea : comporte un très petit nombre d’espèces (<1 %) au corps allongé grêle, qui font partie de la faune interstitielle des sédiments.
Classification selon World Register of Marine Species (15 janvier 2015)[8] :
- sous-ordre Gammaridea
- sous-ordre Hyperiidea
- infra-ordre Physocephalata
- super-famille Cystisomatoidea Zeidler, 2003
- super-famille Lycaeopsoidea Bowman & Gruner, 1973
- super-famille Phronimoidea Bowman & Gruner, 1975
- super-famille Platysceloidea Bate, 1862
- super-famille Vibilioidea Bowman & Gruner, 1973
- infra-ordre Physosomata
- super-famille Archaeoscinoidea Vinogradov, Volkov & Semenova, 1982
- super-famille Lanceoloidea Bovallius, 1887
- super-famille Scinoidea Bowman & Gruner, 1973
- infra-ordre Physocephalata
- sous-ordre Ingolfiellidea
- sous-ordre Senticaudata
- infra-ordre Bogidiellida
- super-famille Bogidielloidea Hertzog, 1936
- infra-ordre Carangoliopsida
- super-famille Carangoliopsoidea Bousfield, 1977
- infra-ordre Corophiida
- parvordre Caprellidira
- super-famille Aetiopedesoidea Myers & Lowry, 2003
- super-famille Caprelloidea Leach, 1814
- super-famille Isaeoidea Dana, 1852
- super-famille Microprotopoidea Myers & Lowry, 2003
- super-famille Neomegamphoidea Myers, 1981
- super-famille Photoidea Boeck, 1871
- super-famille Rakirooidea Myers & Lowry, 2003
- pavordre Corophiidira
- super-famille Aoroidea Stebbing, 1899
- super-famille Cheluroidea Allman, 1847
- super-famille Chevalioidea Myers & Lowry, 2003
- super-famille Corophioidea Leach, 1814
- parvordre Caprellidira
- infra-ordre Gammarida
- pavordre Crangonyctidira
- super-famille Allocrangonyctoidea Holsinger, 1989
- super-famille Crangonyctoidea Bousfield, 1973
- pavordre Gammaridira
- super-famille Gammaroidea Latreille, 1802 (Bousfield, 1977)
- pavordre Crangonyctidira
- infra-ordre Hadziida
- super-famille Calliopioidea Sars, 1895
- super-famille Hadzioidea S. Karaman, 1943 (Bousfield, 1983)
- infra-ordre Talitrida
- super-famille Biancolinoidea Barnard, 1972
- super-famille Caspicoloidea Birstein, 1945
- super-famille Kurioidea Barnard, 1964
- super-famille Talitroidea Rafinesque, 1815
- infra-ordre Bogidiellida
- Amphipoda incertae sedis
Galerie d'images
-
hyperiidé amphipode
-
ampeliscidé amphipode
-
caprellidé amphipode
-
pontoporeiidé amphipode
Liens externes
- (en) Christopher Mah, « Amphipods : Tiny Crustaceans that show amazing colors », sur Echinoblog, .
- (en) The Niphargus page "Tout sur l'amphipodes" Niphargus
Références taxinomiques
- Référence World Register of Marine Species : taxon Amphipoda Latreille, 1816 (en) (+ liste familles + liste genres)
- Référence Fossilworks Paleobiology Database : Amphipoda Latreille 1816 (en)
- Référence ITIS : Amphipoda Latreille, 1816 (fr) ( (en))
- Référence Arthropoda Species Files : Amphipoda (en)
- Référence Animal Diversity Web : Amphipoda (en)
- Référence uBio : Amphipoda Latreille, 1816 (en)
- Référence Catalogue of Life : Amphipoda (en)
- Référence Fauna Europaea : Amphipoda (en)
- Référence UICN : taxon Amphipoda (en)
- Référence NCBI : Amphipoda (en)
- (en) Amphipod. Britannica (2008)
- (en) Amphipoda page at www.crustacea.net (Page incluant une liste de familles)
- (en) The Amphipod Home-Page
- (en) Base de données sur la littérature concernant les amphipodes
- (en) Amphipodes terrestres (UF / IFAS) ;
Notes et références
- ↑ ITIS, consulté le 15 janvier 2015
- ↑ Piscart, C., Bergerot, B., Lafaille, P., Marmonier, p. 2010 - Are amphipod invaders a threat to regional biodiversity ? Biological Invasions, 12, 853-863.
- ↑ Jagminienë I.B., Antaninienë A.S. 1991. Heavy metal accumulation of amphipods and their biochemical variation under the different pollution levels. II International Conference on the Fishing toxicology 2: 287- 288. Saint Petersburg (ru).
- 1 2 3 4 (en) Christopher Mah, « Amphipods : Tiny Crustaceans that show amazing colors », sur Echinoblog, .
- ↑ Calman, W.T. 1909. Crustacea in " A treatise on zoology " , Lankester R. (Sir) éd. 346 p.
- 1 2 3 Chevreux, E. et Fage, L. 1925. Amphipodes. Faune de France, no 9. Lechevalier, P. Éd. Paris, 487 p.
- 1 2 3 4 Lincoln, R.J. 1979. British marine Amphipoda : Gammaridea. British Museum (Natural History) publication no 818, 658 p.
- ↑ World Register of Marine Species, consulté le 15 janvier 2015
- Portail de la carcinologie et des crustacés
- Portail de la biologie marine