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Aire protégée

Aire protégée

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir AMP.

Une aire protégée (AP) (de l'anglais protected area, PA) est « un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des moyens légaux ou autres, afin de favoriser la conservation à long-terme de la nature et des services écosystémiques et des valeurs culturelles qui y sont liés »[1]. On parle d'aire marine protégée (AMP) quand l'espace géographique bénéficiant d'un statut de protection comprend en majorité ou en totalité une zone marine. On parle d'Aire Protégée Transfrontalière lorsque l'espace géographique protégé agrège et assure un continuum d'aires protégées de part et d'autres des frontières de plusieurs pays (en général cet espace existe formellement au travers d'un accord international qui définis des règles coordonnées de gestion entre les aires protégées nationales agrégées).

Histoire et vue globale

La toute première aire protégée du monde daterait de l'an 200, au Sri Lanka, le roi Devanampiya Tissa ayant établi un sanctuaire de la vie sauvage[2]. À l'ère moderne, l'un des premiers parcs nationaux est celui du Yellowstone créé en 1872 aux États-Unis, bien qu'un décret de 1864 conférait aussi une protection au parc national de Yosemite (premier parc régional).

Une aire protégée est un outil essentiel au maintien des espaces naturels et donc à la conservation de la biodiversité qu’ils abritent. En 1992, plusieurs États ont adopté la Convention sur la diversité biologique lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro. L’article 8 de cette convention encourage les États parties à la convention à développer un réseau d’aires protégées dans les espaces sous leur juridiction (Plusieurs pays n’ont cependant jamais signé ou ratifié la convention sur la diversité biologique, comme les États-Unis ou le Vatican par exemple). La dixième conférence des États parties à la convention qui s’est tenue à Nagoya au Japon en octobre 2010, a adopté un Plan stratégique révisé et actualisé pour la diversité biologique pour la période 2011-2020, incluant les Objectifs d'Aichi pour la biodiversité.

L’objectif 11 d’Aïchi a fixé un but chiffré de création d’aires protégées qui guide l’action des institutions chargées de la création et de la gestion d’aires protégées dans tous les États parties. C’est également cet objectif qui guide les appuis aux pays en développement pour le renforcement de leur réseau d’aires protégées. L’objectif mondial actuel est donc d’atteindre au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures (Hors Antarctique) et 10 % des zones marines et côtières sous statut d’aire protégée à l’horizon 2020. Cela représente respectivement 22 755 906 km2 d’espaces terrestres et d’eaux intérieures et 37 500 000 km2 d’espaces marins et côtiers.

Aujourd'hui, « un peu plus de 100 000 sites terrestres et marins sont concernés couvrant à peu près 19 millions de km², soit l’équivalent de la surface combinée des États-Unis continentaux et du Canada[3]. ». Depuis 1973, leur superficie a été multipliée par quatre[3].

Une cartographie mondiale des aires protégées peut être consultée sur le site anglophone "Planète protégée" [4] de l'UICN et du PNUE.

Classification des aires protégées

Degrés de protection

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a défini des catégories numérotées de 1 à 6, qui peuvent caractériser chaque aire protégée suivant l'intensité de la protection (de 1 : protection totale à 6 : gestion des activités humaines dans un objectif de gestion, restauration et protection). Une zone périphérique dite « zone tampon » peut exister.

Le concept a été généralisé par la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui recommande de protéger par des mesures spécifiques les zones marines et côtières particulièrement menacées, mais la plupart des conventions régionales pour la protection de l'environnement marin (OSPAR, Convention de Barcelone, etc.) préconisent la création de telles zones de protection.

Le cas des aires marines

Article détaillé : Aire marine protégée.

En 2000, 4 600 aires marines protégées dans le monde couvraient 0,6 % de la surface des océans, contre 9 % des surfaces terrestres[5]. Selon Daniel Pauly, en 2009, cette surface a augmenté, mais ne couvrirait qu'environ 0,8 % de l'océan. Et seul 1/10e environ de ces 0,8 % environ est réellement et efficacement protégé. La croissance de la superficie classée en AMP n'est que de 5 % par an, il faudra donc attendre à ce rythme 15 ans pour espérer un doublement de la surface théoriquement protégée.

Aire protégée dans le monde

Selon le territoire, la dénomination que peut prendre une aire protégée est très variable, selon des critères très variables (réglementation, degré de protection, objectif, surface, gestionnaire...).

En Europe

 Allemagne

Parc Naturel (Naturpark), Parc national (Nationalpark), Monument naturel, Réserve naturelle

 Belgique

Article détaillé : aires protégées en Belgique.

 Espagne

Aire naturelle d'intérêt spécial (Área Natural de Especial Interés (es)), Parc naturel (Parque natural), Monument naturel, Réserve Naturelle, Site natura 2000

 France

Article détaillé : Aire protégée de France.

En dehors des statuts internationaux, la création d’une aire protégée en France peut relever de trois échelons administratifs différents, du plus global au plus local. En France, le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie est le principal acteur en matière de création d’aires protégées. Il assume la responsabilité de la gestion de la plupart des outils de protection réglementaires, à travers ses établissements publics ou des associations gestionnaires liées.

Au niveau européen

La France procède à la création de sites Natura 2000 en réponse aux Directive Habitats et Oiseaux.

Au niveau national
  • Les Parcs Nationaux: 10 à l'heure actuelle, allant de 1 497 km2 (Parc National de Port-Cros) à 33 850 km2 (Parc amazonien de Guyane ).
  • Les Parcs Naturels marins: 6 à l'heure actuelle, allant de 110 km2 (Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale ) à 68 313 km2 (Parc naturel marin de Mayotte).
  • Les Réserves nationales de chasse et de faune sauvage: 9 à l'heure actuelle, allant de 17 km2 (Caroux-Espinouse) à 73 km2 (Golfe du Morbihan). Elles sont gérées par des établissements publics ou des associations.
  • Les sites du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres: 667 à l'heure actuelle, pour un total de 1 420 km2 et 1 200 km de linéaire côtier protégés. La gestion de ces sites est conventionnée entre le Conservatoire et des collectivités territoriales, établissements publics ou associations.
  • Les Réserves Naturelles Nationales: 165 à l'heure actuelle, allant de 0,0061 km2 (réserve naturelle du Toarcien) à 22 700 km2 (réserve naturelle des Terres australes françaises). Elles sont gérées par des associations, établissements publics, collectivités territoriales, groupements d’intérêt public, fondation, propriétaires privés (selon les cas).
  • Les Réserve biologique domaniale: 233 à l'heure actuelle, allant de 0,0025 km2 (RBD de Bassy) à 693,73 km2 (RBD de Lucifer Dekou-Dekou). Elles sont gérées exclusivement par des établissements publics.
  • Les Sites classés et inscrits: 2 687 sites classés à l'heure actuelle pour un total de 9 339 km2, gérés par des collectivités territoriales ou le secteur privé.
A l’échelle régionale

Les régions ont la responsabilité de plusieurs outils réglementaires et contractuels de protection d’espaces naturels, qui leur donnent la capacité de mettre en œuvre une véritable politique de protection de la nature, en concertation avec les acteurs locaux.

8/ Les Parc naturel régional

Nombre : 48 dont 2 en outre-mer

Superficie : de 243 km2(vallée de Chevreuse) à 3 973 km2 (volcans d’Auvergne)

Gestionnaire : Collectivité territoriale (syndicat mixte)

9/ Les Réserves naturelles régionales et Corse (Réserve naturelle)

Nombre : 119 | 6

Superficie : 304 km2 | 834 km2 (de 0,03 km2 à 794 km2)

Gestionnaire : Association, établissement public, collectivité territoriale, groupement d’intérêt.

10/ Les espaces d’interventions des Conservatoire d'espaces naturels

Nombre : 2 374

Superficie : 1 316 km2

Gestionnaire : Association territoriale, groupement d’intérêt.

À l’échelle départementale

Il existe deux types d’outils de protection des espaces naturels à l’échelle départementale : les espaces naturels sensibles, qui relèvent de la compétence des Conseils Généraux et les arrêtés de protection de biotope et de géotope, qui sont mis en œuvre par les Préfets représentant l’État.

11/ Les Espaces naturels sensibles

Nombre : 3 050

Superficie : 1 700 km2

Gestionnaire : Collectivité territoriale

12/ Les arrêts de protection de biotope (Arrêté préfectoral de protection de biotope)

Nombre : 715

Superficie : de quelques mètres carrés (clochers d’église) à 257 km2 (sables blancs de Mana)

Gestionnaire : Aucun

 Suisse

Parc d'importance nationale (Parc national et Parc naturel régional), Réserve Naturelle

En Amérique

 Argentine

  • Áreas naturales protegidas de Argentina (es)
  • Parcs nationaux d'Argentine

 Brésil

Selon la définition utilisée, il peut s'agir de : "Unidades de conservação da natueza" (loi 9985/2000, qui régit l'art. 9, VI de la loi 6938/81), "sítios de remanescentes de quilombos" et "territórios indigenas", "áreas de preservação permanentes" (loi 4771/65, Code Forestier brésilien) et "áreas tombadas" pour sa valeur écologique.

 Canada

  • Parcs nationaux du Canada

 Chili

  • Parcs nationaux du Chili
 Québec
  • Parcs nationaux du Québec

 États-Unis

  • Parcs nationaux des États-Unis

En Asie

 Chine

  • Liste des aires protégées de Chine
  • Liste des parcs nationaux de la République populaire de Chine
  • Liste des réserves de biosphère en Chine

 Indonésie

Parcs nationaux d'Indonésie

 Japon

Parcs nationaux du Japon

 Mongolie

  • Parc national de Gobi Gurvansaikhan
  • Parc national Gorkhi-Terelj
  • Aire strictement protégée de Khan Kentii

Intérêts et limites

Intérêts : À condition qu'elles soient suffisamment grandes et judicieusement placées[6], et qu'on lutte aussi contre la dégradation générale de l'océan, les réserves sous marines et aires marines protégées présentent plusieurs intérêts :

  • intérêt écologique (protection et restauration du patrimoine naturel), et gestion restauratoire le cas échéant
  • intérêt touristique,
  • intérêt culturel et pédagogique (via la plongée sous-marine, les études, films et images diffusés par les médias, les bateaux avec chambre de vision sous-marine...).
  • intérêt culturel.
  • intérêt agricole et industriel (réserve de gènes potentiellement utiles)
  • intérêt économique des aménités et services écosystèmiques rendus par les zones protégés ; en 2008, le CREDOC a fait en France, sur demande de l’établissement public Parcs nationaux de France (PNF), une revue documentaire de 100 travaux scientifiques avec mise en perspective critique des différentes méthodologies existantes pour appréhender la valeur économique et sociale des espaces naturels protégés[7].

Limites : Il ne suffit pas de protéger certains territoires pour restaurer ou même maintenir la biodiversité ; Ainsi :

  • aux États-Unis le système des aires protégées est l’un des plus anciens et parmi les plus sophistiqués au monde[8], mais au vu des données disponibles sur la biodiversité potentielle et actuelle du pays, si ces aires protègent indéniablement des paysages exceptionnellement sauvages (Wilderness)[9], elles sont géographiquement mal situées et ne couvrent pas assez les espèces endémiques (les aires protégées de ce pays couvrent de vastes surfaces, mais leur configuration géographique est presque à l'opposé des modèles d'endémisme du pays[8] ; « la plupart des aires protégées sont dans l'Ouest, alors que les espèces vulnérables sont en grande partie dans le Sud-Est »). Une carte des nouvelles priorités a été dressée pour plusieurs taxons menacés (vertébrés terrestres, poissons d'eau douce, et arbres) ; elle désigne aussi des zones méritant une attention immédiate de conservation (dont la propriété foncière est publique ou privée)[8],[10].
  • en Europe, le réseau Natura 2000, construit par les États à la demande de l'Europe est dans certains pays très incomplet ; les États ayant souvent classé des espaces quand cela était socioéconomiquement le plus acceptable plutôt que selon des priorités environnementales. Certains auteurs insistent sur le besoin de s'appuyer sur des données socio-économiques pour faire de la prospective en matière de conservation de la nature[11]
  • il faut aussi que les espèces qui devraient naturellement le faire puissent aussi se déplacer d'une aire à l'autre, ce pourquoi un nombre croissant de pays ont développé un réseau écologique souvent dénommé trame verte.
  • l'achat de terrain à fin de protection de la biodiversité est souvent insuffisant et a parfois des effets pervers[12]

On cherche donc aussi à redessiner les périmètres d'aires protégées pour assurer la restauration puis la continuité des services écosystémiques les plus importants pour l'humanité et la biodiversité[13], mais ceci demande qu'ils soient mieux connus et évalués.

Réglementations

Elles varient selon les zones concernées et les États, de même que les moyens et autorités de surveillance. Elles sont établies par les autorités compétentes, nationales, régionales ou locales selon les cas. Elles peuvent évoluer pour s'adapter à de nouveaux problèmes (dont les quads et engins nautiques). Par exemple les scooters des mers ont récemment été interdits par décret[14].

Surveillance

Les aires protégées nécessitent des dispositifs de surveillance du respect des lois et règlements, et de monitoring de l'environnement. Ils s'appuient de plus en plus sur l'imagerie satellitale et aérienne, associée à l'utilisation de SIGet d'analyse de la structure écopaysagère, notamment dans les zones difficilement accessibles, notamment pour l'étude et le suivi de la fragmentation, des incendies, de l'orpaillage, etc.[15].

Notes et références

  1. Définition de l'UICN
  2. (en) site de la Sri Lanka Wildlife Conservation Society
  3. 1 2 Philippe Descola, A qui appartient la nature ?, La Vie des idées, 21 janvier 2008
  4. (en) [http:// http://www.protectedplanet.net/# Protected planet]
  5. Jean-Michel Cousteau et Philippe Vallette, Atlas de l'océan mondial, éd. Autrement, , p. 50
  6. Stephen R. Palumbi ; Marine reserves and ocean neighborhoods: The Spatial Scale of Marine Populations and Their Management; Annu. Rev. Environ. Resour. 2004. 29:31–68 ; doi: 10.1146/annurev.energy.29.062403.102254
  7. Maresca B., Poquet G., Picard R., Dujin A., Fournier E., Mordret X., 2008, Les retombées économiques et les aménités des espaces naturels protégés, étude conduite par le CREDOC à la demande de Parcs nationaux de France.
  8. 1 2 3 Jenkins, C. N., Van Houtan, K. S., Pimm, S. L., & Sexton, J. O. (2015). « US protected lands mismatch biodiversity priorities ». Proceedings of the National Academy of Sciences, 201418034 content/early/2015/04/01/1418034112.full.pdf
  9. Mittermeier, R. A., Mittermeier, C. G., Brooks, T. M., Pilgrim, J. D., Konstant, W. R., Da Fonseca, G. A., & Kormos, C. (2003). Wilderness and biodiversity conservation. Proceedings of the National Academy of Sciences, 100(18), 10309-10313.
  10. PNAS (2015) Priorities for biodiversity protection in the United States ; Designated protected land areas within the United States currently fail to adequately protect the natural ranges of species vulnerable to development and habitat loss, according to a study.
  11. Polasky, S. (2008). Why conservation planning needs socioeconomic data. Proceedings of the National Academy of Sciences, 105(18), 6505-6506.
  12. Armsworth, P. R., Daily, G. C., Kareiva, P., & Sanchirico, J. N. (2006) Land market feedbacks can undermine biodiversity conservation. Proceedings of the National Academy of Sciences, 103(14), 5403-5408. (http://www.pnas.org/content/103/14/5403.short résumé])
  13. Naidoo, R., Balmford, A., Costanza, R., Fisher, B., Green, R. E., Lehner, B.... & Ricketts, T. H. (2008). Global mapping of ecosystem services and conservation priorities. Proceedings of the National Academy of Sciences, 105(28), 9495-9500.
  14. Le Journal de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin, avril 08
  15. Darla K. Munroe, Harini Nagendra, Jane Southworth, Monitoring landscape fragmentation in an inaccessible mountain area: Celaque National Park, Western Honduras ; Landscape and Urban Planning, Volume 83, Issues 2–3, 19 November 2007, Pages 154-167 (Résumé)

Voir aussi

Bibliographie

  • (fr) Sébastien Mabile(2004) « Les aires marines protégées en Méditerranée ; Outils d’un développement durable » ; Thèse de doctorat en droit Soutenue le 22 juin 2004 (Université Aix Marseille III – Paul Cézanne ; Faculté de droit et de science politique)
  • (en) Robert I. McDonald, Timothy M. Boucher, Global development and the future of the protected area strategy ; Biological Conservation, Volume 144, Issue 1, January 2011, Pages 383-392
  • (en) Clinton N. Jenkins, Lucas Joppa, Expansion of the global terrestrial protected area system, Biological Conservation, Volume 142, Issue 10, October 2009, Pages 2166-2174
  • (en) Ruth DeFries, Krithi K. Karanth, Sajid Pareeth, Interactions between protected areas and their surroundings in human-dominated tropical landscapes ; Biological Conservation, Volume 143, Issue 12, December 2010, Pages 2870-2880
  • (en) O'Riordan, Tim (2008) Learning from Success and Failure in the Management of Protected Areas ; GAIA - Ecological Perspectives for Science and Society, Volume 17, Supplément 1, March 2008, pp.; Ed : oekom verlag, p. 81-81(1)
  • (en) Gabriel, Sigmar, Protected Areas, Biodiversity, and Sustainable Development p. 84-85(2)

Articles connexes

Liens externes

  • Base de donnée mondiale sur les aires protégées
  • Page sur l'évaluation de la conservation de la biodiversité, in situ, dans les aires protégées en Europe
  • Portail de la conservation de la nature
  • Portail de l’environnement
  • Portail du tourisme
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