Sébastien Leclerc
Sébastien Leclerc, par John Sturt (1723-1724)
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ingénieur, peintre + |
Sébastien Leclerc (ou Sébastien Le Clerc), baptisé le à Metz et mort à Paris le est un dessinateur, peintre, graveur et ingénieur militaire lorrain.
Biographie
Sébastien Leclerc reçut de son père, l’orfèvre Laurent Leclerc (1590-1695), ses premières leçons dans l’art du dessin ; il montra aussi, de bonne heure, un goût ardent pour les mathématiques, et poussa même fort loin ses études du côté de la géométrie et de la perspective. C’était assurément une disposition très heureuse pour devenir un grand artiste. Très tôt, le jeune aquafortiste s’essaye à l’art de la gravure « Sébastien ayant pour la première fois, à l’âge de sept ans, manié le burin et gravé en cachette une petite planche, courût chez Claude Bouchard, libraire et imprimeur en taille-douce, pour faire tirer son œuvre. Bouchard, qui l’affectionnait beaucoup, lui fit observer qu’il avait eu le tort de graver de gauche à droite, et l’enfant fut très surpris quid il vit sur la première épreuve l’objet représenté à l’envers. » Ses premiers essais furent accueillis favorablement dans sa ville natale, où il grava une vue de la ville en 1650 (Selon Jombert) Alors que pour Maxime Préaud,on lit 1660 et non pas 1650, de plus la qualité de l'estampe est supérieure à celles soi-disant réalisées par la suite. On peut donc dire avec plus de certitudes que les premières pièces sont les Quatre écrans ronds en 1654, et la Vie de saint Benoît, en trente-huit pièces, en 1658.
Malgré cet accueil encourageant, Sébastien Leclerc ne pouvait résister à son penchant pour l’étude des sciences ; à force de démarches, il se fit attacher comme ingénieur géographe près du maréchal de la Ferté. Pendant ce temps, il exécuta plusieurs plans de forteresses du pays messin. Mais un jour il apprit qu’on avait présenté au roi un de ses dessins comme étant l’œuvre d’un autre ; il ne put se résoudre à supporter cet affront et il abandonna ses fonctions. Désirant toujours, malgré cet échec, se perfectionner dans le génie militaire, il décida de venir à Paris, pour y étudier plus à son aise et mieux cet art qu’il avait l’ambition d’illustrer. Il arriva dans la capitale vers 1665, avec des recommandations pour le peintre Charles Le Brun qui, après lui avoir fait faire quelques dessins et après avoir vu ses gravures, s’aperçut qu’il y avait en Leclerc l’aptitude d’un artiste éminent, et lui conseilla d’abandonner les sciences pour se livrer exclusivement au dessin et à la gravure. Sébastien Leclerc écouta le conseil de ce savant peintre : dès ce jour, son parti fut irrévocablement pris.
Protégé par un artiste si haut placé, Sébastien Leclerc n’eut pas de peine à obtenir des commandes ; les libraires s’empressaient de lui faire graver des estampes pour orner leurs livres : on le savait poussé par Charles Lebrun, chacun voulait avoir quelques-unes de ses planches. Sa réputation grandissait de jour en jour : il tenait à honneur de s’occuper de lui ; bientôt Colbert lui-même voulut s’attacher Sébastien Leclerc. Il lui donna un logement aux Gobelins avec une pension de 600 écus, mais il y mit la condition expresse qu’il consacrerait exclusivement son talent au service du roi. Sébastien Leclerc accepta cette position. Colbert avait désigné, pour le remplacer dans sa charge de surintendant des bâtiments, celui de ses fils qui devint plus tard le marquis de Blainville ; Sébastien Leclerc donna des leçons de dessin et des conseils à ce jeune homme.
En 1672, le chancelier Séguier mourut. Le Brun, choisi pour faire le dessin du catafalque dressé à cette occasion, chargea Leclerc de le graver et il fut si content du travail de son protégé, qu’il présenta en même temps l’artiste et son œuvre aux suffrages de l’Académie royale de peinture et de sculpture qui l’accepta unanimement, le . En considération de ses études anciennes, il fut même de suite nommé professeur de géométrie et de perspective. L’Académie gagnait, par cette admission, un savant professeur et Sébastien Leclerc pouvait considérer que sa fortune était faite.
L’année suivante, Sébastien Leclerc se maria ; il épousa une des filles d’un teinturier du roi, nommé Vandenkerchoven, et il eut de ce mariage dix enfants, six fils et quatre filles. Un seul de ses fils a acquis un certain nom dans la peinture ; il portait le même prénom que son père et mourut en 1757. La vente de son cabinet eut lien en 1764, et mit en circulation un grand nombre de dessins et d’estampes provenant de la succession de son père.
Aux Gobelins, Sébastien Leclerc était contraint, à cause de la pension qu’il recevait, de travailler uniquement pour le roi ; voyant sa famille augmenter et aussi sa réputation grandir, il abandonna la pension de 1 800 livres qu’il touchait annuellement et retrouva ainsi sa liberté. À partir de cette époque, on le voit travailler à un nombre considérable se planches ; il ne parait pas un livre important qui ne soit orné d’une gravure de Sébastien Leclerc ; les vignettes, les têtes de page de toutes les oraisons funèbres, sont du dessin et de la gravure de Leclerc ; les livres de piété, les romans de l’époque, fourmillent de gravures de Leclerc ; c’était la mode d’employer son burin.
En 1684, Sébastien Leclerc grava une planche curieuse au point de vue de l’histoire de l’art. Pendant que Le Brun dirigeait la manufacture des Gobelins, on avait coutume d’élever chaque année, en son honneur, un Mai. Sébastien Leclerc a gravé une représentation de cette cérémonie, dans laquelle il montre l’instant où l’on dresse l’arbre immense, garni d’emblèmes flatteurs pour Le Brun ; au-dessous, il fait voir les fêtes qui accompagnent cette ascension. Cette solennité, dont peu d’historiens font mention, a trouvé dans Leclerc un fidèle miroir et un curieux chroniqueur.
En 1710, Sébastien Leclerc eut à craindre un moment de perdre la vue ; il fut obligé de suspendre momentanément ses travaux ; il les reprit bientôt, mais pour quelques années seulement. La mort l’enleva alors qu’il venait de mettre la dernière main à son Traité d’architecture qui couronnait sa carrière en finissant un traité auquel avaient tendu toutes ses études.
Par son esprit et son talent de composition, Sébastien Leclerc est compté parmi les premiers artistes du XVIIe siècle ; sa fécondité est incomparable. Son catalogue, rédigé par Th.-Ant. Joubert, comprend 3 412 pièces, et presque toutes sont de sa composition. Une intelligence remarquable, une délicatesse à graver les plus petits dessins, une certaine grandeur à traiter les sujets les plus grandioses et les plus fastueux, telles ont été les principales qualités qui lui ont été assignées ; on a pu lui reprocher quelque monotonie et parfois des inégalités dans les planches destinées à orner un même livre ; mais comment ne pas se répéter un peu lorsque l’on grave plus de trois mille pièces ? Sébastien Leclerc doit donc, être compté parmi les plus habiles graveurs à côté de Callot, d’Abraham Bosse et de Brebiette.
Les collectionneurs d’estampes ont été, de tout temps, fort désireux de réunir toutes les gravures de Sébastien Leclerc ; il a été formé un assez grand nombre d’œuvres de cet artiste. Quelques pièces introuvables, toutefois, ont fait le désespoir des amateurs : il en était ainsi du temps même de ce maître. Potier, un amateur célèbre mort vers 1757, avait commencé assez tard à réunir une collection d’estampes, et ses confrères en curiosités traitaient fort légèrement son goût pour cette partie de l’art ; chaque fois que Potier offrait de montrer ses portefeuilles d’estampes, ils se mettaient à rire, et, sous prétexte de ne pas déranger Potier, en refusaient complaisamment un tel honneur. Comprenant bien ce dont il s’agissait, et un peu mortifié de ce dédain, Potier résolut d’attirer chez lui un certain nombre de collectionneurs et de les mortifier à son tour : il va trouver Sébastien Leclerc, avec lequel il était lié, et le prie de lui graver une petite estampe à son choix. Leclerc accepte, et quelques jours après apporte à notre amateur une petite Vénus sortant de l’onde ; Potier paie la planche, retire du commerce les épreuves que Leclerc avait fait tirer pour lui, et invite ensuite les amateurs à venir voir ses nouvelles acquisitions : nouveaux rires des invités, sérieux imperturbable du possesseur. Quand on a épuisé le nouveau portefeuille ; Potier présente aux curieux assemblés une petite planche qu’il vient, dit-il, d’acquérir par hasard. Chacun de se récrier : « Mais c’est de Sébastien Leclerc ! Elle manque dans ma collection, elle m’est absolument inconnue. » On quitte l’amateur, on court chez Leclerc : pas une seule épreuve, impossible d’en trouver dans le commerce ; Potier possède la planche et les seules épreuves tirées. Alors on revient chez Potier, on examine avec soin ses portefeuilles, on trouve ses estampes parfaites, on loue la beauté de ses épreuves, et on ne sait plus quels termes d’admiration employer.
Catalogue raisonné
Un premier catalogue raisonné a été établi dès 1774 par Charles Antoine Jombert.
Un catalogue plus récent a été établi en deux volumes par Maxime Préaud dans le cadre de l'Inventaire du fonds français de la Bibliothèque nationale
- Maxime Préaud, . Inventaire du fonds français. Tome 8. Sébastien Leclerc (1, estampes en feuille), , 341 p. (ISBN 2-7177-1524-X)
- Maxime Préaud, Inventaire du fonds français. Tome 9. Sébastien Leclerc (2, livres illustrés), , 289 p. (ISBN 2-7177-1525-8)
Famille
De son mariage en 1673 avec une des filles teinturier du roi nommé Vandenkerchoven, il eut six fils et quatre filles.
Un de ses fils, Sébastien Leclerc le Jeune (1676-1763) a connu une certaine réputation comme peintre. Il a été professeur de perspective de l'Académie royale de peinture et de sculpture.
Ce dernier a eu un fils, Jacques-Sébastien Leclerc (Paris, 1734 - Paris, 17 mai 1785), connu sous le nom de Leclerc des Gobelins, élève de son père, il a été professeur de perspective à la manufacture des Gobelins, puis professeur à l'Académie bien qu'il n'en fut pas membre entre 1778 jusqu'à sa mort. Il est connu comme peintre de scènes mythologiques, de scènes de genre et dessinateur. Il a réalisé les dessins de 5 volumes de la publication « Galerie des Modes et Costumes Français »[1].
Sources
- Édouard Charton, Le Magasin pittoresque, 1777 à 1786, Aux Bureaux d’Abonnement et de Vente, 1858, p. 236-8.
Œuvres
- Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain, Paris, Thomas Jolly, 1669
- Nouveau système du monde conforme à l’écriture sainte, Paris, Giffard, 1706
- Système de la vision fondé sur de nouveaux principes, Paris, Florentin Delaulne, 1712
- Traité d'architecture avec des remarques et des observations très utiles pour les jeunes gens, qui veulent s'appliquer à ce bel art, Paris, Giffard, 1714
- Traité de géométrie théorique et pratique à l'usage des artistes, nouvelle édition, Paris, Ch.ant. Jombert, 1764
- la demolition du temple protestant de charenton, 1685
Notes et références
- ↑ Crispian Riley-Smith : Jacques-Sébastien Leclerc, callec Leclerc des Gobelins
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
- La Médiathèque du Pontiffroy (Metz) possède une collection importante d'estampes de l'artiste qu'elle peut numériser sur demande.
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