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Fou de Bassan

Fou de Bassan

Morus bassanus

Morus bassanus
Description de cette image, également commentée ci-après

Fou de Bassan

Classification (COI)
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Suliformes
Famille Sulidae
Genre Morus

Nom binominal

Morus bassanus
(Linnaeus, 1758)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Le Fou de Bassan (Morus bassanus) est une espèce d'oiseaux de mer de la famille des sulidés. Sta dénomination latine, dont dérive son nom français, signifie « fou de l'île de Bass », à proximité des côtes orientales de l'Écosse, qui en abrite la plus grande colonie de Fous de Bassan au monde. Cet excellent plongeur se nourrit de poissons et céphalopodes ; il est indigène à l'Atlantique Nord. C’est le plus gros des oiseaux de mer d'Europe.

Morphologie

Fou de Bassan immature
Oisillon de fou de Bassan

Cet oiseau au plumage d'un blanc éclatant a la tête et le cou jaune pâle. Ses yeux sont bleu clair cerclés de gris. Son bec gris-bleuté très clair, presque blanc, en forme de poignard, est souligné de fines lignes noires, comme tracées au crayon, se prolongeant en un masque noir autour des yeux. Le bout de ses longues ailes étroites est noir. Ses courtes pattes palmées sont verdâtres. La queue est assez fine et se termine en pointe.

Les adultes mesurent entre 85 et 90 cm de longueur et leurs ailes ont une envergure de 165 à 180 cm ; ils pèsent entre 2,8 et 3,2 kg. Il s'agit du plus grand oiseau de mer d'Europe[1].

Les mâles et les femelles se ressemblent ; il n'y a pas de dimorphisme sexuel apparent. Les juvéniles sont brun foncé la première année, avec une bande de couleur claire à la base de la queue, puis apparaissent graduellement de plus en plus de plumes claires, sur la tête d'abord puis sur le dos, le ventre, et la partie de l'aile située entre le poignet et le corps, jusqu'à acquérir leur plumage d'adulte au bout de cinq ans.

Comportement

Locomotion

Par vent modéré, le Fou de Bassan a un vol aux battements puissants et réguliers, mais par vent fort, il plane et se laisse glisser dans les airs[1]. Il peut parcourir quotidiennement une distance d'au moins 450 kilomètres[2]. Très puissants, et agiles en vol, ils sont cependant assez maladroits au décollage et à l'atterrissage.

Alimentation

Colonie de fous de Bassan sur les falaises de l’île Bonaventure au Québec.
Colonie de fous de Bassan sur l’Île Rouzic

Très spectaculaires à observer, les Fous de Bassan planent haut dans les airs avant de plonger comme des flèches dans la mer à grande vitesse (de l'ordre de 60 km/h à 110 km/h) lorsqu'ils aperçoivent une proie (sa vue est si perçante que cet oiseau repère un banc de poissons à 40 mètres de hauteur). Cela crée une onde de choc qui assomme alors les poissons. Le fou n'a plus qu'à les avaler, avant même de regagner la surface. Ils remontent donc toujours le bec vide, ce qui leur a valu cette appellation de « fou », par les premiers pêcheurs qui les observèrent.

Lors du plongeon, des sacs aériens situés sous la peau permettant de protéger la tête et le poitrail lors de l'impact, tandis que les yeux sont protégés par la membrane nictitante et les narines étant fermées étanchement, le fou peut ainsi descendre à une quinzaine de mètres de profondeur et rester immergé pour une durée allant jusqu'à 20 secondes.

Le Fou de Bassan est piscivore, se nourrissant surtout de petits poissons tels que le maquereau, le hareng, le capelan et le lançon, ainsi que de calmars.

Comportement social

Très grégaire lors de la saison de nidification, le Fou de Bassan forme alors des colonies denses. En mer, il forme de petits groupes[1].

Silencieux en mer, cet oiseau communique beaucoup sur les sites de nidification, émettant des cris gutturaux à intervalle régulier[1].

Reproduction

Accouplement de fous de Bassan

Les fous de Bassan nichent en colonies denses sur les falaises et les îles rocheuses, d'avril jusqu'à septembre, parfois même jusqu'à la première semaine d'octobre. Le Fou de Bassan est un oiseau très territorial. Puisqu'il n'a a pas de différence entre le mâle et la femelle, les partenaires reconnaissent mieux leur nid, plutôt que leur partenaire. Ceux-ci peuvent rester ensemble pour la vie, à condition que chacun retourne sur le même territoire à chaque année. Pendant leur parade nuptiale élaborée, ils se font la révérence, se frottent le bec et s'étirent le cou et les ailes. D'abord un simple tapis d'algues, de brindilles et de mousse, le nid se transforme avec les années en un véritable amoncellement de plumes, de déchets de poisson et d'excréments. La femelle y pond un seul œuf blanc bleuté, que les deux partenaires couvent à tour de rôle pendant environ 44 jours.

La progéniture du Fou de bassan est dite nidicole. Le poussin naît donc nu et très vulnérable. Nourri par ses parents pendant 90 jours, le jeune fou de Bassan passe de 70 grammes à la naissance à 4 kilos.

Il vivra de 16 à 20 ans[1].

Répartition et habitat

Carte de répartition mondiale du fou de Bassan.

L'aire de nidification du fou de Bassan est limitée à l'Atlantique nord et à la Mer du Nord. Une fois la période de reproduction terminée, ils migrent vers le sud et se dispersent le long des côtes jusqu'au Golfe du Mexique et l'ouest de la Méditerranée. On retrouve six colonies en Amérique du Nord, toutes situées dans le Golfe du Saint-Laurent et à l'est de Terre-Neuve. La plus grande colonie du continent américain se trouve sur l'île Bonaventure, en Gaspésie, et compte plus de 50 000 couples[3].

On trouve aussi des colonies dans les îles britanniques, en Islande, en Norvège et en France. Les plus grandes colonies du monde nichent en Écosse. L'archipel de Saint-Kilda a longtemps été le lieu de nidification du fou de Bassan le plus important au monde[4]. En 2013, on y dénombrait un peu plus de 60 000 couples[5]. Bass Rock accueille désormais la plus grande colonie, avec plus de 75 000 couples[6]. Le rocher de Stac Lee héberge quant à lui environ 40 000 couples[7]. La plus grosse colonie française se situe en Bretagne dans l’archipel des Sept-Îles, sur l’île Rouzic où 20 000 couples se reproduisent tous les ans (données 2013)[8].

Emplacements des colonies de fous dans l'Atlantique nord[9].

Systématique

Synonymes : Sula bassana, Sula bassanus.

Le Fou de Bassan et l’homme

Des fous de Bassan illustrant un timbre des îles Féroé.
Fous de Bassan, vus par l’artiste danois Holger Philipsen, illustrant un timbre des îles Féroé émis en 1978.

Statut et préservation

  • Les populations de fous de Bassan, aujourd’hui protégées, sont en augmentation au rythme moyen de 2 % par an après avoir, dans le passé, fortement régressé à la suite de la perte d’habitat, de la récolte des œufs et de la chasse[10]. Cependant, la colonie de l'Île Bonaventure, seraient menacées en raison de leurs bas taux de reproduction (8 % en 2012) pouvant être dû à une difficulté à s'alimenter[11].

Le fou de Bassan dans les arts

  • Dans le poème épique anglo-saxon Beowulf, datant de la fin du Ier millénaire, le roi Hrothgar désigne l'océan par the gannet's bath - littéralement « le bain des fous ».
  • Gérard Jaffrès a sorti en 2001 une chanson intitulée Le Fou de Bassan, présente dans son album du même nom.
  • Anne Vanderlove a composé et interprété la chanson Comme les fous de Bassan dans l'album Silver en 1999.
  • Le roman Les Fous de Bassan d'Anne Hébert a obtenu le prix Fémina en 1982.
  • Peter May évoque le périple des chasseurs écossais de Fous de Bassan dans son roman L'ile des chasseurs d'oiseaux (Titre original : The Blackhouse) paru en 2009.
  • Françoise Hardy a écrit et interprété la chanson Les Fous de Bassan sur l'album L'Amour fou paru en 2012.

Notes et références

  1. 1 2 3 4 5 Hume R., Lesaffre G. et Duquet M. (2004) Oiseaux de France et d'Europe p. 39, Larousse, ISBN 2-03-560311-0
  2. GEO no 391 de septembre 2011 p. 16
  3. Alain Labelle, « Déclin des fous de Bassan : une île sous surveillance », Ici Radio-Canada, 27 mai 2015 [lire en ligne (page consultée le 6 août 2015)].
  4. (en) St Kilda – World Heritage Site Management Plan 2003 - 2008
  5. S. Murray, S. Wanless, M.P. Harris. 2014. Gannet surveys in north-west Scotland in 2013. Scottish Birds 34(2):117-125.
  6. S. Murray, S. Wanless, M. Harris. 2014. The Bass Rock - now the world's largest Northern Gannet colony. British Birds 107(12):769-770.
  7. (en) UKClimbing – Stacks of South West Scotland
  8. « Le programme FAME », sur LPO (consulté le 21 juin 2013).
  9. (en) Cramp, Stanley., K. E. L. Simmons, Handbook of the birds of Europe, the Middle East, and North Africa : the birds of the Western Palearctic, vol. 1, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 0198573588)
  10. (en) Wanless, S. & Harris, M.P., 2004. Northern Gannet Morus bassanus. in Mitchell, P.I., Newton,S.F., Ratcliffe, N. & Dunn, T.E. Seabird populations of Britain and Ireland. T & AD Poyser, Londres, p. 124-127 (ISBN 0-7136-6901-2).
  11. « Les fous de bassan sont en péril », sur www.Ledevoir.com, (consulté le 31 juillet 2014)

Voir aussi

Bibliographie

  • François Siorat, Le Fou de Bassan, Éveil éditeur, coll. « Approche », Saint-Yrieix-sur-Charente, 2000, 72 p., (ISBN 978-2840000044).
  • Bryan Nelson, The Gannet, T. & A. Poyser, Berkhamsted, 1978, 336 p., (ISBN 0 85661 021 6).
  • Karel Šťastný (trad. Dagmar Doppia), La grande encyclopédie des oiseaux, Paris, Gründ, , 494 p. (ISBN 2-7000-2504-0), « Fou de Bassan », p. 44.
  • Muséum national d'histoire naturelle, Cahiers d’habitats Natura 2000 : Connaissances et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire, Tome 8, vol. 2, de la Fauvette sarde à l’Oie cendrée, Paris, La documentation Française, , 390 p. (ISBN 978-2-11-007462-1), « Fou de Bassan », p. 26-29.

Liens externes

  • Référence Congrès ornithologique international : Morus bassanus dans l'ordre Suliformes (en) (consulté le 20 mai 2015)
  • Référence Avibase : Morus bassanus (+ répartition) (fr+en) (consulté le 30 juin 2015)
  • Référence Alan P. Peterson : Morus bassanus dans Suliformes (en)
  • Référence Oiseaux.net : Morus bassanus (+ répartition) (fr)
  • Référence NCBI : Morus bassanus (en)
  • Référence UICN : espèce Morus bassanus (Linnaeus, 1758) (en) (consulté le 30 juin 2015)
  • Référence Animal Diversity Web : Morus bassanus (en)
  • Référence Fonds documentaire ARKive : Morus bassanus (en)
  • Galerie de photos de Fous de Bassan sur NationalGeographic.fr
  • Portail de l'ornithologie
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