Exil à Babylone
L’exil à Babylone est le nom qu'on donne généralement à la déportation à Babylone des Juifs de Jérusalem et du Royaume de Juda sous Nabuchodonosor II.
L'Exil dans la Bible
Les livres suivants parlent de l'exil : 2 Rois et 2 Chroniques qui se terminent par l'Exil, Esdras qui commence par lui et raconte la suite, avec Néhémie, et les prophètes Jérémie et Ezéchiel qui le vivent l'un à Jérusalem l'autre à Babylone, et les Lamentations qui témoignent de la catastrophe sur place, tandis qu'Aggée et Zacharie vivent le retour ; des Psaumes y font explicitement référence. L'exil a donc une grande importance dans la Bible.
L'Exil des Judéens
La déportation à Babylone
Selon le livre de Jérémie, la déportation des Judéens s'est faite en trois fois (Jérémie 52,28-30). La première au temps de Joaquin (597 av. J.-C.), à la suite de la défaite du Royaume de Juda face à Nabuchodonosor II ; le Temple de Jérusalem est alors partiellement dépouillé et la majorité des citoyens emmenés. Onze ans plus tard, en 587 av. J.-C., après une révolte contre l'empire sous le règne de Sédécias, la ville est entièrement rasée et une nouvelle déportation, moins importante, s'ensuit. Finalement, Jérémie fait état d'un troisième exil cinq ans plus tard, soit en 581 av. J.-C..
C'est donc toute l'élite du pays, religieuse, politique et économique, qui est déportée, mais non la population rurale. Les conditions de cette déportation semblent s'être rapidement améliorées sur place. Des tablettes administratives en cunéiforme retrouvées dans le palais royal de Nabuchodonosor à Babylone mentionnent la distribution de rations au roi Joaquin de Juda, à cinq princes judéens ainsi qu'à d'autres membres de l'élite de Juda, aux côtés d'autres déportés de haut rang venant d'autres royaumes[1]. Ils vivaient donc dans le palais royal, en otages, mais étaient traités en accord avec leur rang.
Le retour et le début de la diaspora
Après la prise de Babylone par les Perses, l'empereur Cyrus II libère les Juifs et leur donne la mission de retourner dans leur pays d'origine devenu la province perse de Judée et d'y reconstruire le Temple de Jérusalem (538 av. J.-C.). Selon la Bible, plus de quarante mille profitèrent de l'autorisation. Mais les livres bibliques témoignent aussi que beaucoup s'étaient installés et restèrent à Babylone : ils constituent le premier centre de la Diaspora. On en retrouve certains dans des tablettes économiques de la période achéménide (Ve siècle) retrouvées à Nippur[2]. Ces familles font des affaires avec des Babyloniens de souche, et sont parfaitement intégrées dans l'économie de la région. Rien ne les distingue des autres dans nos sources hormis leurs noms personnels, comportant souvent le nom de Yahweh (retranscrit Yaw en cunéiforme), et dans certaines familles on trouve des membres avec un nom juif et d'autres avec un nom babylonien, faisant référence à une divinité mésopotamienne.
Les Perses avaient une conception politique différente de celle des Babyloniens ou des Assyriens dans l'administration des territoires conquis, laissant une large autonomie au niveau du gouvernement local[3]. Auparavant en -722, les tribus du Royaume d'Israël (le nord du pays, aussi appelé Samarie), avaient été déportées par les Assyriens ; les survivants de l'Exil à Babylone, suivant le Second livre des Rois qui indique que toute la population de Samarie avait été déportée, étaient à leurs propres yeux, les seuls et vrais « Enfants d'Israël ».
La nouvelle installation
Quand les descendants des exilés judéens furent rentrés, ils trouvèrent des gens sur place (les « gens du pays » ou « de la terre »), qu'ils assimilèrent aux populations étrangères déportées là par les Assyriens, populations elles-mêmes assimilées aux Samaritains. Environ 40 000 exilés reviennent de Babylonie d'après la Bible. À titre d'indication, de récentes estimations démographiques proposent environ 12 000 personnes habitant la Judée entre -550 et -450[4]. Leur religion ressemblait sans doute à celle d'avant l'Exil, non épurée par les Prophètes. L'hostilité grandit entre les Juifs revenus et eux : des changements religieux profonds étaient survenus parmi les exilés.[réf. nécessaire]
On peut ainsi supposer que la farouche pureté religieuse défendue par les Juifs babyloniens revenus de l'Exil et le sentiment de leur identité culturelle, soixante ans après leur déportation, ne pouvait admettre la foi approximative du groupe de survivants israélites qui avaient pratiqué ce qui apparaissait maintenant comme du paganisme pendant des siècles en Israël et Juda, et avaient contracté des mariages avec les populations installées par les Assyriens (ce que Néhémie devait interdire par la suite).[réf. nécessaire]
La parabole du Bon Samaritain fait référence au mépris que les Judéens, ou Juifs, vouaient aux Samaritains.
La « captivité babylonienne » de l'Église
L'expression « captivité babylonienne » fait écho à cette période biblique à propos du séjour des papes à Avignon, ou de toute situation où l'Église chrétienne est supposée tenue éloignée de la vraie foi (ainsi Luther considérera-t-il la Papauté elle-même).
Notes et références
- ↑ (en) W. F. Albright, « King Joiachin in Exile », dans The Biblical Archaeologist 5/4, 1942, p. 49-55
- ↑ (en) M. D. Coogan, « Life in the Diaspora, Jews at Nippur in the Fifth Century B.C. », dans The Biblical Archaeologist 37/1, 1974, p. 6-12
- ↑ Philip Huyse, La Perse antique, Belles Lettres, coll. « Guide Belles Lettres des civilisations », Paris, 2005 (ISBN 2-251-41031-7)
- ↑ La Bible et l'invention de l'histoire, Mario Liverani, Folio Histoire, 2012, p 371
Voir aussi
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