Dictionnaire de la langue française
Le Dictionnaire de la langue française, plus connu comme le Littré, du nom de son auteur Émile Littré, est un dictionnaire normatif de la langue française.
Description
D'abord conçu en 1841 comme un dictionnaire étymologique qui serait publié chez Hachette, le projet se transforme en 1846 en un dictionnaire étymologique, historique et grammatical, pour finalement adopter son modèle définitif. Pour cette réalisation, Littré fait appel à une équipe de lecteurs: « M. Hachette mit à ma disposition des personnes instruites qui lurent pour moi les auteurs, et inscrivirent, sur de petits papiers portant en tête le mot et l'exemple, les phrases relevées[1] ». Des collaborateurs bénévoles « s'adjoignirent à la petite équipe, qui travaillait en relations étroites avec l'éditeur[1] ».
Littré présente ainsi son dictionnaire dans la préface :
- « Je n'ai prétendu à rien de moindre qu'à donner une monographie de chaque mot, c'est-à-dire un article où tout ce qu'on sait sur chaque mot quant à son origine, à sa forme, à sa signification et à son emploi, fût présenté au lecteur. Cela n'avait pas encore été fait. (p. xxxviii)[2] ».
En ce qui concerne le choix des mots à inclure, Littré ne se contente pas de reprendre les mots figurant dans le Dictionnaire de l'Académie, dont l'édition la plus récente datait de 1835, mais intègre les mots trouvés dans la littérature des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que des termes techniques, des néologismes et des mots de la langue parlée[3]. Ainsi le dictionnaire intègre dans sa version la plus complète près de 136 000 entrées, ce qui en fait toujours l'un des dictionnaires les plus complets. Il innove aussi en organisant les articles selon « un ordre à la fois logique et historique[3] ». Les articles présentent une étymologie de chaque mot (telle qu'elle était connue ou supposée par Littré, qui n'avait pas de formation philologique[3]), les différences sémantiques entre plusieurs synonymes, des remarques grammaticales sur le bon usage, et de nombreuses citations littéraires. Celles-ci sont la principale raison de la réputation de l'ouvrage et ont contribué à en faire « un des monuments les plus remarquables élevés en l'honneur d'une langue vivante[4] ».
En revanche, on a critiqué le côté puriste de l'ouvrage, qui recommande parfois des prononciations tombées en désuétude[5] et peu accueillant aux termes techniques. Comme le remarquait déjà son contemporain Pierre Larousse : « Souvent entre deux mots qui se suivent, chez M. Littré, pourraient s'en glisser une vingtaine d'autres qui, sans être usuels, devraient occuper une place dans un dictionnaire aussi volumineux[4] ».
Outre ces lacunes de la nomenclature et les insuffisances du savoir étymologique, les spécialistes déplorent « le désordre du classement et l'absence de référence aux grands écrivains du XIXe siècle[4] ». Dépassé au plan lexicologique, ce dictionnaire survit cependant à titre de monument élevé à la « religion de la langue » et continue à procurer à ceux qui le consultent « un plaisir intense, subtil [et] inépuisable », selon Alain Rey[6].
Le Dictionnaire de la langue française est publié par Hachette entre 1863 et 1872 pour la première édition ; et entre 1873 et 1877 pour la seconde édition. Il compte quatre volumes, auxquels s'est ajouté un Supplément, comprenant des néologismes et des ajouts, suivi d'un dictionnaire étymologique des mots d'origine orientale (arabe, hébreu, persan, turc, malais), par Marcel Devic.
Une version abrégée, connue en France sous le nom de Petit Littré, et au Canada sous celui de Littré-Beaujean, a été publiée en 1874 par le principal collaborateur de Littré, Amédée Beaujean.
Version contemporaine
Une version mise à jour et augmentée de la version abrégée de 1874 est publiée à partir de 2004 sous le nom de Le Nouveau Littré et Le Nouveau Petit Littré. Toutefois, les versions contemporaines du Littré, en particulier les collections en plusieurs volumes (datant des années 1960 et au delà), sont tout à fait différentes de l'édition originale, en se démarquant sur les points suivants : simplification sémantique de beaucoup d'articles, ce qui se traduit par la disparition de remarques grammaticales, des différences entre les divers synonymes, et surtout suppression pure et simple de l'étymologie des mots. D'autre part, la disposition typographique et l'organisation des articles dont le principal souci était la clarté des divers sens d'un mot (marquée par des paragraphes bien séparés dans l'édition originale) n'est plus reproduite dans le Nouveau Littré. À partir de son édition 2006, le Nouveau Littré a intégré toutes les rectifications orthographiques de 1990[7].
Notes et références
- 1 2 Georges Matoré, Histoire des dictionnaires français, Paris, Larousse, 1968, p. 119.
- ↑ Cité par Henri Meschonnic, Des mots et des mondes, Paris, Hatier, 1991, p. 168.
- 1 2 3 Georges Matoré, 1968, pp. 120-121.
- 1 2 3 Georges Matoré, 1968, p. 124.
- ↑ Georges Matoré, 1968, p. 122. Voir notamment l'article « Ours » disponible en ligne et dont la prononciation recommandée est toujours en vigueur au Québec.
- ↑ Cité par Henri Meschonnic, 1991, p. 175.
- ↑ Chantal Contant, Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée, De Champlain, Montréal, 2009 (ISBN 978-2-9808720-2-0), p. 11.
Annexes
Liens externes
- Dictionnaire Littré, dictionnaire en ligne avec recherche dans le texte intégral du Littré.
- Dictionnaire de la langue française Littré dictionnaire Littré en ligne enrichi avec recherche en texte intégral et recherche par auteur.
- Dictionnaire Le Littré, logiciel à source ouverte pour consulter hors-ligne l'intégralité du Littré.
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