Chenille (lépidoptère)
La chenille est la larve éruciforme des papillons. Certains hyménoptères dont les larves ressemblent beaucoup à celles des lépidoptères sont appelées fausse-chenille. La chenille, une fois arrivée à son plein développement, s'enveloppe dans un cocon afin de se transformer en chrysalide qui va à son tour devenir l'insecte adulte.
Seules certaines espèces de chenille tissent autour d'elles un véritable cocon (la plus célèbre étant la chenille du Bombyx mori, improprement appelée ver à soie, et quelques autres dont une espèce de Madagascar et le plus gros papillon de nuit d'Europe, appelé Grand Paon de nuit ou Saturnia Pyri…) pour se mettre à l'abri en vue de leur nymphose (la nymphose étant le passage à l'état de nymphe, que l'on appelle chrysalide chez les papillons).
D'autres (le machaon, par exemple) se contentent de se fixer à un support par une ceinture de soie, fil sécrété de la même manière, mais en faible quantité. D'autres encore s'enterrent dans l'humus à faible profondeur, dans une loge plus ou moins soyeuse : c'est le cas de la plupart des Sphinx.
Biologie
Les chenilles de lépidoptère possèdent un corps métamérisé avec une tête ayant des pièces buccales broyeuses. Les yeux sont réduits à 5 ocelles en arc autour d'une ocelle centrale.
Après la tête, on trouve 13 segments. Les 3 premiers correspondent au thorax. Les 10 suivants constituent l'abdomen.
Les trois segments thoraciques portent chacun une paire de vraies pattes tandis que certains segments abdominaux présentent des fausses pattes munies de crochets, ou de ventouses.
L'appareil respiratoire s'ouvre par une rangée de stigmates sur les flancs des segments.
L'appareil digestif est formé de la bouche, d'un œsophage, d'un jabot, du mésentéron volumineux et d'un intestin postérieur terminé par une ampoule rectale.
L'appareil excrétoire est constitué de tubes de Malpighi (deux groupes de trois se déversant dans un tronc commun). Le système nerveux est formé d'un cerveau et d'une chaîne ganglionnaire ventrale comprenant un ganglion sous-œsophagien, trois ganglions thoraciques et sept abdominaux.
Les chenilles possèdent en outre deux glandes séricigènes (produisant de la soie) tubulaires qui débouchent par un canal unique près des pièces buccales. Deux glandes mandibulaires également tubulaires ont un rôle encore mal connu.
Au cours de sa croissance, qui peut varier de 2 semaines à plusieurs mois selon si elle hiberne ou non, la larve connaîtra 4 ou 5 mues et pourra également changer de couleur.
Chenilles comme nourriture
Depuis des millénaires en Afrique du Sud, les peuples de la brousse consomment ces larves de papillons de nuit. Dans les villages de l'ethnie tswana, on les prépare bouillies ou grillées. Pour les conserver, il suffit de les faire sécher au soleil dans des corbeilles. Avec l'urbanisation, toute une industrie s'est attelée à la mise en conserve pour une clientèle nouvelle: les paysans déracinés qui s'entassent dans les faubourgs. À l'échelle du Tiers-Monde, certains rêvent d'une nouvelle source de protéines... Dans les faubourgs de Johannesburg, les amateurs de chenilles sont pour la plupart des habitants d'origine rurale. Dans leur enfance, ils en ont consommé ainsi que bien d'autres insectes. Aujourd'hui citadins, ils n'ont plus les moyens de s'acheter de la viande depuis que les prix ont flambé. Les industriels ont eu l'idée de leur vendre, séchées ou mijotées, les petites bêtes qui leur rappellent le village natal. En effet, les chenilles séchées coûtent moins cher que le bœuf et sont deux fois plus nourrissantes[réf. nécessaire].
Nom vernaculaire
« Chenille » vient du latin canicula, petite chienne, en référence à l'allure de la tête de l'une et de l'autre[1].
Les chenilles, en tant que ravageur possèdent souvent un nom vernaculaire, repris pour nommer le papillon (l'adulte). Exemple non exhaustif de nom :
- Arpenteuse
- Fausse-arpenteuse du chou, papillon nommé Noctuelle du chou (Trichoplusia ni Hübner)
- Arpenteuse de l'airelle (Itame argillacearia Packard)
- Arpenteuse bossue de la pruche (Ectropis crepuscularia)
- Arpenteuse de Freeman (Nepytia freemani)
- Arpenteuse de la pruche (Lambdina fiscellaria fiscellaria)
- Arpenteuse de la pruche de l'Ouest (Lambdina fiscellaria lugubrosa)
- Arpenteuse grise de l'épinette (Caripeta divisata)
- Arpenteuse occidentale du chêne (Lambdina fiscellaria somniaria)
- Arpenteuse rayée des forêts (Epirrita pulchraria)
- Arpenteuse verte de la pruche (Nepytia phantasmaria)
- Arpenteuse verte du mélèze (Macaria sexmaculata)
- Arpenteuse verte du sapin (Cladara limitaria)
- Arpenteuse tardive, papillon nommé Phalène brumeuse (Operophtera brumata L)
- Arpenteuse verte veloutée (Epirrita autumnata)
- Petite arpenteuse du pin (Eupithecia palpata)
- Carpocapse
- Carpocapse des pommes et des poires (Cydia pomonella)
- Carpocapse des châtaignes (Cydia triangulela)
- Disprion
- Diprion de la pruche (Neodiprion tsugae)
- Diprion du pin rouge (Neodiprion nanulus nanulus)
- Diprion du pin sylvestre (Neodiprion sertifer)
- Diprion du sapin (Neodiprion abietis)
- Écaille
- Écaille du séneçon (Tyria jacobaeae L.)
- Féralie
- Féralie joyeuse (Feralia jocosa)
- Foreur
- Foreur du chou (Hellula undalis F.)
- Halisidote
- Halisidote argentée (Lophocampa argentata)
- Chenille légionnaire
- Chenille légionnaire noire (Actebia fennica Tauscher)
- Chenille légionnaire africaine, (Spodoptera exempta Walker & Zimmerman)
- Ver légionnaire de la betterave, (Spodoptera exigua)
- Chenille Légionnaire uniponctuée
- Laineuse
- Laineuse du chêne (Eriogaster catax)
- Laineuse du cerisier (Eriogaster lanestris)
- Lieuse
- Lieuse de l'épinette (Coleotechnites atrupictella)
- Lieuse du cyprès (Epinotia subviridis)
- Mineuse
- Chenille processionnaire
- Chenille processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea L)
- Chenille processionnaire de Bonjean
- Chenille processionnaire pinivore
- Chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pytocampa) ou plus communément processionnaire
- Chenille processionnaire du pistachier ou solitaire (Thaumetopoea solitaria Freyer, 1838)
- Pique-bouton
- Pique-bouton du rosier Pyrrhia umbra
- Spongieuse
- Spongieuse (Lymantria dispar)
- Teigne (insecte)
- Teigne des choux ou Teigne des crucifères), (Plutella xylostella L.)
- Teigne ou Mineuse du marronnier
- Tisseuse
- Tisseuse du bleuet (Croesia curvalana Kearfott)
- Tondeuse
- Tordeuse
- Tordeuse à bandes obliques Choristoneura rosaceana
- Tordeuse du bleuet (Aroga trialbamaculella Chambers)
- Tordeuse à tête noire de l'épinette (Acleris variana)
- Tordeuse à tête noire de l'Ouest (Acleris gloverana)
- Tordeuse bisannuelle de l'épinette (Choristoneura biennis)
- Tordeuse de l'épinette (Zeiraphera canadensis)
- Tordeuse des citrus (Argyrotaenia citrana)
- Tordeuse du mélèze (Zeiraphera improbana)
- Tordeuse occidentale de l'épinette (Choristoneura occidentalis)
- Tordeuse verte du chêne (Tortrix viridana)
- Ver
- Ver du cotonnier, (Spodoptera littoralis Boisduval)
- Ver gris, papillon nommé Noctuelle ypsilon, (Agrotis ipsilon Hufnagel)
- Ver à soie, papillon nommé Bombyx du murier, (Bombyx mori L.)
Plus simplement nommée par la plante qu'elle ravage :
- Chenille de l'asperge
Par une description physique
- Chenille à bosse
- Chenille à bosse orangée, (Symmerista leucitys)
- Chenille à houppes
- Chenille à houppes blanches (Orgyia leucostigma Fitch.)
- Chenille à houppes rousses (Orgyia antiqua)
- Chenille à houppes du douglas (Orgyia pseudotsugata McDunnough)
- Chenille épineuse
- Chenille épineuse du cotonnier (Earias biplaga et Earias insulana)
- Chenille épineuse de l'orme, papillon nommé Morio, (Nymphalis antiopa L., 1758)
En vieux français ou patois
Dans le nord de la France et en patois picard, on parle ou parlait de Carplute ou Caplute [2], Càrpleuze [3] o Capleuze [4], Capluche [5] o Capluque [6], Caplure [7] ou Càrplu [8], Cazèie [9], Canilhe [10], Cnilhe ou Écnilhe [11], Chnile ou Échnile [12], Olin·ne [13], Ulin·ne [14], Onin·ne [15].
Le mot huelaine (ou honaine, el'holaine, houlaine, houlainne, huelainne...) a aussi désigné la chenille (on en trouve encore des traces dans les lieux-dits ou nom de rues de l'Avesnois)[16]
Symbolique
L'expression « laid comme une chenille » était utilisée pour se moquer du physique d'une personne.
La chenille désigne également une personne négligeable ou méprisable, voire méchante. Mais elle est aussi le symbole de la transmutation en cours.
On appelait « un chenillon » une fille laide[17].
Galerie de photos
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Fausses pattes - Papilio machaon
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Mue de la chenille vers la chrysalide (Vanessa atalanta)
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Chenille verte à pois orange.
Culture populaire
La chenille se retrouve dans la culture populaire sous diverses formes et via différents supports :
- La chenille d'Alice au pays des merveilles
- Ploom est une marionnette chenille d'André Tahon, dans Les Marottes de Monsieur André, théâtre des marionnettes
- Les Badaboks sont des marionnettes chenilles ou plutôt chaussettes. Support d'annonce et de gag entre séquences, elles sont deux, une jaune et l'autre violette. Éditée par le CNDP, cette émission passait sur FR3 entre 1985 et 1990. Dans leur langue le mot bidulbuk remplace d'autres mots, à la façon des schtroumpfs
- Plusieurs chenilles apparaissent dans les médias Pokémon.
Notes
- ↑ « Chenille subst. fém. », CNRTL (consulté le 29 juin 2015).
- ↑ http://www.languepicarde.fr/dico.html Variantes: kaplute, kapleute, karplute, kerplute, caplute, carplute, carplut'
- ↑ Variantes: kerpleuse, quérpleuse, karpleuze, carpluse, kerpluse, karpluze, kerpluze, carpéleuse, karploez
- ↑ Variantes: capleuse, capluse, capleuze, kapleuze, kapluze
- ↑ Variantes: capluche, caplusse, kapluche, kapluke, capluse
- ↑ Variantes: kapluke
- ↑ Variantes: kaplure, kerplure
- ↑ Variantes: carplu, kaplu, karplu, kerplu, karplus, querplus
- ↑ Variantes: casée, casèe, kazé
- ↑ Variantes: canille
- ↑ Variantes: kniye, ékniye
- ↑ Variantes: échnile, chnile, ch'néle
- ↑ Variantes: olène, olain-ne, houlenne, ouléne, oline, olin-n', oulaine, holène, oulèn, olain.ne, olinne, holin.ne
- ↑ Variantes: ulin-ne, ulène, ulannye
- ↑ Variantes: ounaine, ônane, ônène, ounène, honaine, onéne, onine, an.nène, on.nène, honinne, onène, oninne, honnaine
- ↑ « En patois du pays les chenilles s'appellent des houlennes. Ce fait, signalé à la Révolution dans les pâtures de Locquignol, s'est reproduit il y a 6 ans dans les pâturages de Cartignies, proche de Huelainne, et pendant un mois, les visiteurs ont afflué pour voir ce phénomène ; en quelques jours des hectares de prairies étaient rasés par des milliards de chenilles grises. Ces visites s'appelaient : aller voir les Houlennes ». Source :Marie Delcourte, d'après A. Duvaux (1904) Histoire du fief de la Motte et de Coutant. DAH Avesnes Tome VI (Chap : Seigneurs de la erre et prairie d'Avesnesp 97 à 100)
- ↑ Parlez-vous entomo ?
Références
- Bodi (E.), 1985 - Les chenilles des papillons diurnes européens, Sciences Nat, Venette.
Voir aussi
Articles connexes
- Fausse-chenille
- Larve
Quelques images de chenilles
- Photos de chenilles de Papillons de l'Espagne
- Nid de chenille processionnaire
- Chenille de Machaon
- La chenille de Sphinx Euphorbe
- Chenille arpenteuse
- Chenille dévorant du fenouil
Liens externes
- Guide de Défense des Cultures au Tchad
- Liste de ravageur en nom vernaculaire
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