Art paléochrétien
L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens est un art produit par les chrétiens ou sous un patronage chrétien entre l'an 200 et l'an 500. Avant l'an 200, il reste peu de productions artistiques qui puissent être qualifiées de chrétiennes avec certitude. Après l'an 500, l'art paléochrétien ouvre la voie à l'art byzantin, et à l'art du haut Moyen Âge.
Historique
Avant 200, l'absence de réalisations artistiques ou architecturales durables reflète la position sociale défavorisée et persécutée des premiers chrétiens, ce qui limitait le mécénat. D'autre part, l'Ancien Testament, allant à l'encontre de la production de tombes peintes, peut aussi expliquer cette absence (interprétation rigoriste du second commandement du Décalogue sur l'interdiction des images). Enfin, il est possible que les premiers chrétiens aient utilisé des thèmes païens pour exprimer des thèmes chrétiens. Si tel était bien le cas, cet art chrétien n'est pas identifiable comme tel immédiatement.
Les premiers chrétiens ont utilisé les mêmes formes artistiques que celles de la culture romaine païenne dans laquelle ils évoluaient : fresques, mosaïques, sculptures, et manuscrits enluminés. Dans leurs réalisations, les premiers chrétiens n'ont pas seulement utilisé les formes artistiques romaines de l'Antiquité, mais aussi le style romain classique tardif, présent dans les premières fresques chrétiennes, comme celles des catacombes de Rome. Les fresques narratives vétéro-testamentaires de la synagogue de Doura Europos montrent que l'art juif a également eu un rôle important comme source de ce premier art chrétien.
Les premiers chrétiens ont réutilisé des thèmes iconographiques romains en leur donnant des significations nouvelles à travers les premiers symboles chrétiens. Parmi ces thèmes classiques, on peut citer les paons, la vigne et le raisin, et le berger. Mais les premiers chrétiens ont également développé leur propre iconographie, par exemple la représentation de symboles comme le poisson (ichtus) ou l'ancre, qui n'ont pas été empruntés à l'iconographie païenne. Dans tous les cas, l'iconographie étant nouvelle ou empruntée aux romains, elle n'en demeure pas moins symbolique, pour échapper aux persécutions. Ainsi, la figure païenne du berger faisant, chez les Romains allusion à des figures comme celles de Pâris, fait alors référence au "Bon Pasteur" guidant ses brebis, qui n'est autre qu'une représentation du Christ guidant l'Humanité et veillant sur elle.
L'histoire de l'art paléochrétien comprend deux phases distinctes, séparées par l'édit de Milan en 313, qui autorise la liberté de culte dans l'Empire. Ainsi, avant 313, l'art est essentiellement symbolique et caché; après 313, il se manifeste plus explicitement et plus librement pour finalement devenir un art lié à l'État avec Théodose Ier qui fait du christianisme la religion d'État.
Art chrétien avant 313
Le premier art chrétien émerge, après deux siècles d'aniconisme, vers 250. Il est tout d'abord caractérisé par son caractère symbolique, fait d'images-signes destinées à des initiés et limité aux seuls éléments nécessaires à la compréhension immédiate. De plus, il est adapté au lieu dans lequel il est représenté. Par ailleurs, alors que la religion chrétienne n'est pas autorisée et même persécutée, l'art paléochrétien doit se faire discret.
Sans lieu de culte publique à disposition, il se développe majoritairement dans le cadre privé, comme c'est le cas pour la Domus ecclesiae de Doura Europos, ainsi que dans le cadre funéraire, sur les (fresques) des catacombes, les sarcophages, ...
Art chrétien après 313
L'édit de Milan apport une reconnaissance sociale à l'Église dont le rapport à l'image change, l'imagerie s'inspirant alors de l'iconographie impériale (Christ en gloire, Christ pantocrator).
- Catacombes Saint Janvier (San Gennaro) à Naples, Fresques du Ve siècle
- Basiliques constantiniennes
- Basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome)
- Basilique Sainte-Marie-Majeure (Rome)
- Basilique Saint-Pierre (Rome)
- Saint-Sépulcre (Jérusalem)
- Basilique de la Nativité (Bethléem)
- Églises au plan central
- Église Sainte-Constance (Rome)
- Enluminure paléo-chrétienne
- Genèse de Vienne
- Évangiles de Rossano
- Genèse de Cotton
- Mosaïque
- Mosaïque chrétienne
- Sculpture et gravure
Iconographie
La représentation du Christ
Au cours de l'évolution de l'art paléochrétien, le portrait du Christ a connu des modifications et diverses formes. Quelles que soient ces formes, il est important de noter que le portrait du Christ dans l'art paléochrétien est avant tout un portrait symbolique imaginé a posteriori. En effet, la Bible et les Évangiles ne contiennent aucune indication physique, et malgré les tentatives de certains auteurs chrétiens du Ier siècle.
Les différentes représentations du Christ entre le IIIe et le IVe siècle sont les suivantes:
- Le Christ en Bon Pasteur: l'image du Bon Pasteur est une représentation inspirée de l'art romain contemporain. Il s'agit d'un jeune homme imberbe vêtu d'une tunique courte ceinturée à la taille, et portant un mouton ou un agneau sur ses épaules. Cette représentation montre, d'une part, la double nature du Christ, à la fois humain et divin, et donc échappant aux aléas du temps. D'autre part, le choix de cette représentation est à lier avec le fait que le Christ est comparé à un berger prêt à se sacrifier pour un seul des moutons de son troupeau.
- Le Christ philosophe et Christ enseignant : la représentation du Christ en philosophe est également inspirée de l'art romain. Il y est représenté sous les trais d'un homme barbu aux cheveux longs, et portant un long manteau. Le Christ peut alors être représenté assis et entouré du collège apostolique, c'est la typologie du Christ enseignant. Ces représentations veulent transmettre l'idée de la sagesse du Christ ainsi que l'idée qu'il transmet la vraie philosophie.
- Le Christ empereur: après 313, l'art paléochrétien se développe au grand jour et particulièrement dans la sphère impériale byzantine. Le Christ se dote alors d'une iconographie impériale. En effet, chevelu et barbu, il est représenté vêtu d'une tunique de pourpre parfois décorée d'or, et il peut être assis sur un trône d'orfèvrerie ou porter des symboles de pouvoir impériaux. Cette représentation veut montrer que le Christ est l'empereur de l'Univers.
Ces trois représentations sont les plus courantes, mais il existe des expériences inédites et plus rares :
- Le Christ adolescent: cette iconographie, qui fait référence à l'épisode de l'enseignement au temple dans la jeunesse du Christ, représente le Christ jeune et portant un long manteau. Elle montre encore une fois la double nature du Christ, humain et divin, mais aussi sa sagesse.
- Le Christ en Sol Invictus: ce type de représentation est encore une fois à lier avec l'art romain et s'inspire de la représentation du dieu Soleil. Le Christ est jeune et imberbe, nimbé de lumière et vêtu d'or, debout sur un char solaire. Cette iconographie montre le Christ comme l'empereur céleste et comme la lumière apportée au monde.
Avec l'art byzantin apparaît également l'iconographie du Christ Pantocrator. Le Christ est alors représenté chevelu et barbu, portant un long manteau. Les doigts joints, il dresse son index et son majeur, témoignant encore une fois de sa double nature.
Bibliographie
- Pierre Prigent, L'Art des premiers chrétiens, Paris, Desclée de Brouwer, 1995.
- J.-M. Spieser, Architecture paléochrétienne, Infolio, 2011, 172 p.
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